Marcel Dinahet.
Vit et travaille à Rennes (France) et sur le littoral.
Le domaine d'investigation de Marcel Dinahet -
littoral et fonds marins - en a longtemps fait une figure atypique de l'art
contemporain. Si ses premiers travaux abordaient plus spécifiquement - et de
façon originale - la sculpture, avec des expériences d'immersion d'objets , le
passage au médium vidéo marque pour l'artiste à la fois l'aboutissement d'une
recherche et son inscription formelle dans des préoccupations tres actuelles.
L'installation vidéo Les Finistères, version Newlyn, 1998, rend compte d'un projet bâti autour de
ces " fins de terre'' qui jalonent les
littoraux. Du Cabo da Roca, au Portugal, au Cape Wrath, au nord de l'Ecosse, Marcel Dinahet
a construit un itinéraire à partir de cartes marines, itinéraire qui prend
corps sur les lieux mêmes, avec une attention toute particulière accordée au
trajet précéant l'arrivée à destination. Car
l'objectif est, pour l'artiste, de filmer lui même , à
chaque étape les fonds marins, le travail préparatoire mené sur place pour
prendre la mesure des données climatiques et de l'identité du site joue un rôle
essentiel dans l'oeuvre. Ainsi Les Finistères , version Newlyn font
alterner séquences sous-marine et terrestres. Les séquences sous-marines,
silencieuses ou rythmées par la seule respiration du plongeur, sont animées de
ce mouvement très particulier que donne la caméra vidéo utilisée par l'artiste
non comme un prolongement du regard mais du corps. Placée sur le ventre, la
caméra ne répond plus à la logique du viseur, mais au corps qui flotte ou
épouse, dans son déplacement, la configuration des fonds marins. Par contraste,
les séquences terrestres rendent compte de façon parfois presque triviale des
moments d'approche du lieu d'élection, précédant la plongée: une voiture qui
roule, le temps est gris, une émission radio trop bruyante perturbe
l'environnement sonore... D'autres passages en extérieur sont en revanche
annonciateurs de la fluidité du monde sous-marin, depuis la pluie qui ruisselle
sur un pare-brise jusqu'aux vues intermédiaires et instables prises par la
caméra entre ciel et eau. Entre deux séquences, un noir vient scander le
déroulé de la bande ; comme une respiration. Il met en exergue ces points de
rencontre et de rupture entre élément aquatique et terrestre, que Marcel Dinahet rend sensibles.
Si les fonds sous-marins sont les lieux par excellence de la perte des repères,
Marcel Dinahet explore ce déséquilibre dans les
oeuvres plus récentes en s'emparant de phénomènes physiques. Rotations, 2000,
met à l'épreuve nos sens en présentant des images filmées à partir d'une
voiture qui opère inlassablement un mouvement circulaire. La sensation de
vertige qui nait de ce dispositif, tres éloignée du basculement presque grisant propre aux profondeures marines, semble ouvrir un champ nouveau à ce
questionnement incessant des limites, résolument au coeur de l'oeuvre de Marcel
Dinahet.
Sophie Duplaix.
- Sophie Duplaix est Conservateur au MNAM Centre
Georges Pompidou.
Marcel Dinahet
Lives and work in Rennes ( France) and along the coastline.
Marcel Dinahet's aera of investigation - the coastline and seabed - has for a
long time made an atypical figure in contemporary art. If his early works dealt
more spécifically - an original fashion - with sculpture, experiments with the
immersion of objects, the move to video medium is for the artist both the
result of research and his formal enrolment within current preoccupations.
The video installation Les Finistères, Newlyn version, 1998,relates a
project built around those '' ends of the earth'' wich punctuate the coast. From
Cabo da roca in Portugal to Cape Wrath in north Scotland, Marcel Dinahet has
put together an itinerary from marine maps which take shape on site, paying
particular attention to the journey preceding arrival at the destination. For
if the artist's aim is to film the seabed at each stage, the preparatory work
effected on site measuring the details of climate and identity of the place
plays an essential role in his work.in this way Les Finistères, Newlyn
version alternate seabed with land sequences.
The seabed sequences, silent or interspersed only by the diver's breathing, are
lead by the very particular movement given by the vidéo camera whisch is used
by the artist not has an extention of the gaze but of the body. Placed on the
stomach, the camera no longer responds to the viewfinder's logic but to the
floating body which embraces the lie of the seabed in its movements. By
contrast, the land sequences tell of the approach to the chosen site before the
diving in a sometimes almost trivial manner: a car runs along, the sky is grey,
a noisy radio programme disturbs the sound environment... However other scenes
taken outside seem to announce the fluidity of the submarine world, from the
rain that streams down the windscreen to the intermediate and instable images
tken by the camera between see and sky.
Between two sequences, a place where reference point are lost, Marcel Dinahet
explores this imbalance in his most recent works by seizing hold of physical
phenomena. Rotations 2000, test our senses by presenting images filmed
from car which goes round in continual circles.
The feeling of vertigo arising from thids work, very far from the almost
exhilarating rocking to-and-fro of the sea depths, seems to open up and new
field in his continual questioning of limits resolutely at the core of Marcel
Dinahet's work.
Sophie
Duplaix.